La première année ou j’ai piégé (en 2000), j’ai tendu 4 collets attachés avec du fil de fer à des piquets de clôture. Il va sans dire que je n’ai rien pris.
Pourtant ma formation initiale avait été faite par un maitre es collet mais qui ne nous avait montré qu’un truc ou deux que je n’avais d’ailleurs pas appliqués cette année là.
Voici quelques astuces pour augmenter vos chances d’attraper maitre goupil au collet, à mon sens l’arme absolue pour prendre cet animal si rusé.
Généralités règlementaires :
En premier lieu, pour colleter, il faut être agréé piègeur. Si vous ne l’êtes pas, renseignez vous auprès de votre fédération de chasse qui pourra vous inscrire au stage obligatoire pour l’agrément préfectoral.
Les collets doivent avoir un câble d’un diamètre minimal de 1.6 mm, je préfère le 2 mm quand on voit ce qu’un mâle énervé peut faire au câble, qui peut le plus, peut le moins.
Son ouverture doit être de 20 cm maximum ceci afin d’empêcher le passage de la tête des ours (devenus bien rares dans nos contrées à cause des collets de nos aïeux).
Il doit être tendu entre 18 et 22 cm du sol. Permettez-moi de réagir à cette disposition règlementaire que je considère comme un tantinet idiote. En plaine, pourquoi pas, cette hauteur est la bonne mais concernant les haies, chaque coulée dans chaque haie à sa hauteur propre ou il faut moduler la hauteur du collet sous peine de ne rien attraper.
En 10 ans je n’ai rien pris d’autre au collet que deux chiens de chasse, jamais de lièvres ni de chevreuils, il suffit de ne pas tendre dans leurs coulées, il y en a bien assez.
Bien entendu je ne conseille à personne de ne pas respecter la règlementation mais quand elle n’est pas appropriée il faut savoir l’appliquer avec discernement. On a bien le droit de tendre comme on veut en gueule de terrier, donc pourquoi ne pas étendre cette mesure qui va dans le sens de l’efficacité et non du braconnage. Peut être qu’un jour…..
Il doit posséder un émerillon : Généralement ils sont livrés avec. J’achète les miens par le biais de l’APASL (Assoc des Piégeurs Agrées de Saône et Loire) et je n’ai jamais eu de soucis.
Astuces
Concernant le collet, stockage mise en place :
Je stocke mes collets dans un sac plastique normal (les sacs poubelles contiennent un insecticide à l’odeur forte). Ce sac est en outre rempli d’herbes arrachées à proximité des lieux de piégeage. De cette façon le métal s’imprègne de l’odeur des herbes. Je ne les utilise que l’année suivante lorsque le métal a perdu son odeur de neuf.
Certains les suspendent un an dans une haie, d’autres les enterrent…Ne les suspendez pas dans le garage ou ils vont récupérer les odeurs d’essence, d’huile et etc.
Si vous le pouvez placez les dans un abri à l’extérieur de la maison ou suspendez les sous une avancée de toit.
Lorsque vous les aurez tendu (avec des gants frottés au préalable dans l’herbe), ne les touchez plus sauf s’ils se font détendre par le vent ou un animal. Travaillez vite et bien en ayant tout préparé à quelques mètres du lieu à piéger. Utilisez des bottes et agenouillez vous sur un plastique si vous avez un pantalon propre. J’utilise de vieux pantalons de chasse qui fleurent bon la nature.
Concernant la chaine et l’attache :
Au début, disais-je précédemment, j’attachais directement mes collets à des piquets de clôture. C’est rarement possible, je préfère utiliser deux ou trois mètres de chaine avec à c haque bout un maillon à vis. J’attache cette chaine à un jeune arbre, je l’enterre et le plus souvent elle passe entièrement la saison dehors.
Lorsque la chaine est neuve, je la stocke en plein air en ayant soin de la trainer sur la route pour ôter sa protection anti corrosion de cette façon elle se patine plus vite.
Au bout coté arrimage, je place un morceau de cuivre sur lequel j’ai frappé mon numéro d’agrément.
Si votre coulée est située près du point d’arrimage, il est judicieux de planter un bâtonnet dans les premiers maillons pour que le collet se tende vite. Il m’est arrivé de voir ma chaine complètement sortie sur le pré avec le collet à moitié tendu.
Certains piégeurs n’attachent pas à des points fixes, ils préfèrent des vieux morceaux de fer à trainer afin de protéger la coulée. C’est vrai qu’avec ma méthode, la coulée est foutue pour au moins un an.
Voir la photo (a droite) des dégâts d’un renard dans une haie.
Je n’ai pas confiance aux trainards, je n’ai pas matériellement le temps de les chercher le matin.
Concernant les coulées :
Voila le point délicat de cet article. Le renard utilise les coulées de grand gibier et traverse les haies bocagères dans ses propres coulées mais il peut utiliser les coulées de blaireaux, de lapins. Les premières années je piégeais toutes les coulées et j’ai attrapé pas mal de blaireaux et là, misère ! Il faut bloquer le blaireau pour le libérer, ce n’est pas une mince affaire.
Faites le tour la première année et repérez les poils sur les ronces, ceci vous renseignera si la coulée est utilisée fréquemment et par qui.
En cas de doute, cherchez une autre coulée. Un renard utilise chez nous, en moyenne, une dizaine de coulées sur 300 m de haie, il suffit d’en piéger la moitié.
Le renard mâle utilise des coulées que même un profane va repérer, il aime être à son aise. La femelle quant à elle, utilise des coulées plus petites et plus discrètes. Celles du mâle sentent quelquefois le renard, celle de la femelle jamais. Utilisez la neige pour repérer les coulées des femelles, marquez les en attachent un bout de ficelle à une branche en attendant de les piéger.
Astuce : Faites vous-même des coulées. Si vous avez un pré ceinturé par un mur en pierre, demandez l’autorisation au propriétaire et faites un passage dans le mur, pas n’ importe où, à un endroit où vous aurez préalablement vu des traces.
Concernant les odeurs :
C’est vrai que Goupil à un sacré odorat, mais quelquefois il se fait prendre dès le lendemain de pose d’un collet, qui plus est posé à l’arrache, sans gants parce que vous êtes pressé. Et quelquefois, il refusera durant des mois la coulée (vu avec la neige) où vous aurez posé un collet dans les règles de l’art.
L’idéal serait de faire uriner une femelle dans la coulée mais c’est un idéal peu compatible avec le manque de temps qui caractérise ceux qui comme moi font le tour des collets avant d’aller au travail.
Concernant les piquets de maintien :
Les petits piquets qui servent à maintenir le collet ouvert doivent être discrets. Pris dans l’environnement immédiat de la coulée, il faut en mettre le moins possible. N’en placez deux qu’en cas de nécessité.
Je les taille d’avance (environ 40 cm) et je les stocke dans la haie près de la coulée au cas où.
Ne rentrez pas votre collet trop profond dans l’entaille sinon votre renard fera demi-tour sans être pris.
Voila, je pense avoir fait le tour de la technique, l’important c’est la patience. Il faut savoir attendre la neige pour repérer des coulées qu’on ne piégera que l’année suivante. Il faut savoir attendre qu’un collet tendu prenne sa bête, quelquefois il ne prendra jamais.
A titre personnel, je ne piège au collet qu’entre octobre et avril. Ensuite la végétation m’empêche de bien repérer les coulées frayées.
Je ne piège pas en rai de charrue, il n’y a pas de culture et c’est bien dommage, j’aimerai bien expérimenter cette méthode.
En juin, on passe au tir d’été, c’est passionnant mais ce sera l'objet d'un autre article.